Depuis toujours, l’ARDES accompagne des personnes ayant eu un jour, l’idée, le rêve fou de construire par eux-même les réponses à des problématiques qu’ils n’avaient plus envie de voir perdurer et stagner au quotidien. Ces “porteurs de projet”, nous vous les présentons régulièrement en vous présentant leur démarche, généralement à des moments clé de collecte de fond, de présentation aux publics. Nous focalisons notre attention sur le contenu développé, sur la réponse apportée, mais passons rapidement sur l’individu. Car derrière tout projet il y a des femmes et des hommes avec un parcours qui les a conduit à un moment M à changer de cap. S’intéresser aux étapes qui ont jalonné leur chemin, aux rencontres et réflexions qui les ont poussé.es à s’investir dans une démarche solidaire est tout aussi intéressant et crucial pour notre compréhension du mouvement que de mettre en lumière leur réalisation.
C’est l’objet du travail effectué par Régis, stagiaire à l’ARDES depuis janvier dernier mais également en formation à l’AIFCC. Partant à la rencontre des personnes accompagnées par l’ARDES, il cherche à identifier leur parcours social, professionnel, militant, mais aussi leurs inquiétudes, leurs besoins, les obstacles qu’ils rencontrent dans leur aventure solidaire. De ce travail de rencontre, Régis tirera des portraits de porteurs et porteuses de projets, que nous vous proposerons de découvrir ici. Le premier de cette série présente Karine et son chantier d’insertion mêlant récupération et création artistique.
Karine, quadra souriante et dynamique d’Alençon, est accompagnée par l’ARDES dans son projet de création d’un Atelier Chantier d’Insertion (ACI) : « Art Réc’Up ». L’idée : collecter des objets destinés aux déchets et les revaloriser au travers d’œuvres d’art, d’éléments de décoration, d’accessoires et de bijoux. Le support : une structure accueillant et accompagnant des salariés très éloignés de l’emploi ; un tremplin vers un emploi durable.
L’insertion par l’activité économique n’a pas été une évidence pour Karine Après des études de lettres et un passage aux Beaux-Arts, elle écoute son instinct et se tourne vers l’action sociale. BTS ESF en poche, Karine devient auxiliaire éducatrice, puis coordinatrice à l’UDAF61, puis Encadrante Technique d’Insertion dans un ACI à Trun où elle associe son amour de l’art et l’accompagnement : « ça a été le déclic » dit-elle. Elle poursuit son chemin au CLIC (Centre Local d’Information et d’Orientation). Parallèlement elle valide un Master 2 et prend la direction du CLIC. Karine développe la structure et est sur tous les fronts. Malheureusement, sa santé l’oblige à cesser ses fonctions.
Cet évènement va lui permettre de se centrer sur un projet auquel elle pense depuis longtemps : créer une structure d’aide aux personnes très éloignées de l’emploi, qui allierait ses passions : l’art, les personnes et l’environnement.
Elle se met à l’écriture de son projet « j’ai pris mon pc et j’ai commencé à écrire le projet seule ». Elle est sur son territoire. Elle a ses réseaux et connaît les acteurs locaux. Elle entre en contact avec les collectivités locales pour sonder le bien-fondé de son projet. Elle échange avec ses amis, ses proches et de discussions en bavardages, forme le collectif qui deviendra le cœur de l’association qu’elle souhaite créer. C’est le moment :« si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais ».
A la recherche de soutien, elle rencontre l’ARDES. Elle entame alors un accompagnement qui va lui permettre de clarifier son projet, et lui apporter les outils nécessaires à son évolution. D’étape en étape, elle affine et étaye son projet. Comme dans tous parcours, il y a des hauts et des bas, et quelques portes à prendre… De son travail avec l’ARDES elle dit : « les rencontres et les réunions avec Fanny, çà permet d’y voir plus clair. C’est un soutient, ça fait du bien ».
Aujourd’hui, Karine est en passe de négocier un local qui lui permettra de démarrer son activité. Elle a créé son association, elle organise des ateliers externalisés, notamment avec le centre hospitalier d’Alençon, sur le modèle de ce qu’elle fera dans son local. Elle participe déjà aux marchés de Noël. Elle a créé un partenariat avec les commerçants d’Alençon et ses créations sont programmées dans des expositions prochaines. Tous ses partenariats renforcent la raison d’être de son projet.
Le projet d’Atelier Chantier d’Insertion que Karine veut créer, est soumis à l’approbation de l’Etat via un modèle économique viable. La construction de ce modèle économique induit des contraintes et des conditions de mise en œuvre spécifiques aux structures d’insertion par l’activité économique, dont font partie les atelier chantier d’insertion. En coopération avec l’ARDES, Karine a bien l’intention de leur apporter les éléments nécessaires à la validation de son projet.
Quand on demande à Karine quelles seraient, selon elle, les qualités que doit avoir un porteur de projet, elle répond : « Persévérance, ténacité, rester positif ».
En attendant l’ouverture prochaine de son atelier, on peut apprécier les créations de Karine dans les vitrines de certains commerçants d’Alençon, ou sur sa page Facebook « Art Réc’up »