Avec une formation d’ingénieur agronome, Mathieu est issu du monde agricole, secteur porteur de dynamiques de coopération et d’éducation populaire. Cependant, ses premières expériences professionnelles l’ont conduit à déplorer dans ce milieu une perte de sens et de volonté revendicatrice dans les dynamiques coopératives qui le jalonnent.
Il participe à la création de l’association « Culture en brousse » qui effectue une travail de réflexion autour des questions de gouvernance. L’association se fonde sur des statuts horizontaux par le biais d’un Conseil d’Administration essentiellement composé par des co-présidents.
Son métier d’agronome le pousse à entamer une réflexion sur la question environnementale par le biais des énergies renouvelables. C’est ainsi qu’il découvre Enercoop. Adhérent dans un premier temps, il souhaite rapidement rompre avec sa simple position de « consommateur » pour aborder la question sous un angle plus militant.
En rejoignant la coopérative Enercoop en tant que salarié, il entend faire la preuve par l’exemple de la plus-value de la coopération au sein d’une entreprise. Pour lui les enjeux de la coopération résident dans le questionnement suivant : comment faire en sorte que des citoyens non-techniciens soient investis dans la décision et participent pleinement à sa construction ? Cela rejoint rapidement des enjeux de démocratie expérimentés au quotidien de la vie sociale. Son engagement tend rapidement à travailler sur la remise en cause du gouvernement de l’expert et du technicien, pour établir une gouvernance ouverte, inclusive et citoyenne.
Mathieu identifie toutefois une limite à son parcours d’engagement. Sa posture de salarié militant a pour effet de réduire les temps de décrochage, les temps pour lui. Il identifie ce paramètre comme un point de vigilance qui doit être gardé à l’esprit de toute structure de l’ESS.
En revenant sur les questions de gouvernance, Mathieu se demande comment éviter l’accaparement de la parole par un groupe de spécialistes pour l’ouvrir à tous et toutes ? Il relie cette problématique à celle de la transition énergétique. Selon lui, un changement de modèle énergétique n’est pas possible dans un contexte de centralisation de la décision.
Il souligne néanmoins une volonté de lutte contre la résignation. Son engagement lui a permis d’entrevoir l’existence de prises de conscience réelles chez les citoyens et citoyennes mais qui est souvent suivi par un découragement au moment du passage à l’action, suscité par l’apparente ampleur de la tâche.