Pour vous c’est quoi une Économie Solidaire ?

A l’occasion des Rencontres des Initiatives Solidaires Citoyennes, nous avons demandé à onze structures de notre réseau de nous donner leur définition de l’Économie Sociale et Solidaire. En plus de les avoir compiler (voir ci-dessous), nous en avons fait une synthèse pour en extraire quelques pistes de réflexion quant à notre rapport – en tant qu’acteur et partie prenante de cette économie – à notre engagement, nos idéaux, les valeurs que nous portons collectivement ou par le biais de nos pratiques bénévoles ou professionnelles.

De ces définitions nous pouvons retenir 7 caractéristiques définitoires de l’économie solidaires, dont 3 principales :

  • Une dimension humaine et sociale : présente dans huit des onze définitions analysées, cette dimension souligne la capacité de l’économie solidaire à favoriser la production de biens et services dont le but est la réponse à un besoin social. On considère ainsi que l’écosystème qui en découle place l’humain d’abord, c’est à dire avant le profit, en cherchant son épanouissement, notamment en renforçant les liens sociaux et culturels au sein d’un territoire. En repensant la place de l’individu dans la production et celle de son intérêt dans la consommation, l’économie solidaire favorise une dynamique de responsabilisation des citoyens via un processus d’inclusion dans un système de solidarité permettant de rompre avec l’isolement et de combattre les inégalités.
  • Une dimension démocratique : cette dimension est évoquée dans 7 définitions, dont 4 utilisent directement le mot « démocratie ». Cette idée de démocratie renvoie principalement à celle de collectif, que ce soit comme mode d’organisation ou comme recherche d’un intérêt général. Dans cette lignée sont également cités les moyens pour mettre en œuvre ces démarches, tels que la coopération, l’entraide mutuelle, la mise en commun des ressources ou encore l’éducation populaire au sens de partage des savoirs. Les conséquences identifiées des structurations démocratiques résident dans la mise en œuvre d’une gestion participative par l‘ouverture de la parole, l’atténuation de principes hiérarchiques rigides, et la participation de tous à la décision.
  • Une dimension économique : formulée moins explicitement et plus succincte, cette dimension est évoquée à 6 reprises. Elle sert à évoquer la nature des échanges (marchands/non marchands), son opposition avec un secteur marchand concurrentiel et capitalistique. A travers la dimension économique, c’est aussi le partage comme modalité d’échange qui est souligné, que ce soit au niveau des valeurs ou matériel. Enfin, c’est par son caractère durable et pérenne notamment par sa capacité à générer des emplois que l’économie solidaire est définie par les contributeurs. On notera toutefois que le bénévolat comme ressource économique non marchande n’est pas citée.

et 4 dimensions secondaires :

  • Une dimension territoriale : la notion de territoire renvoie à des acceptions plurielles. D’une part, elle va être convoquée pour expliquer la capacité de l’économie solidaire à s’inscrire dans des réseaux de proximité pour répondre à des besoins territoriaux bien spécifiques par la mise en œuvre d’initiatives alternatives. Par extension, est aussi soulignée la cohérence de ces initiatives avec l’environnement dans lequel elles se développent. D’autre part, la notion de territoire est rattachée à sa dimension plus transversale, au delà de la proximité, pour évoquer la création de liens de solidarité et de partage entre des territoires plus ou moins proches, dans une optique d’ouverte d’esprit.
  • Une dimension écologique : bien moins évoquée que la dimension sociale, l’écologie semble une notion moins appropriée par les contributeurs. Mais peut-être cela est-il dû à la nature des structures interrogées ? L’ESS apparaît néanmoins comme un terreau favorable au développement d’approche écologique, de pratiques respectueuses de l’environnement.
  • Une dimension d’innovation : principalement évoquée dans l’idée de production d’alternatives, l’innovation semble néanmoins se dévoiler moins spontanément aux acteurs de l’économie solidaire. Une explication potentielle pourrait résider dans la tendance à minorer la portée des innovations socio-économiques face aux innovation technologiques.
  • Une dimension politique : peu évoquée en tant que telle, la question apparaît toutefois en creux de la dimension démocratique, mais aussi de la dimension innovation, dans la mesure où  celle-ci fait écho à une posture de transformation sociale voire sociétale. La portée politique de l’économie solidaire semble timide et difficilement appropriée par les contributeurs.

L’ARDES remercie toutes les personnes qui ont bien voulu se prêter à cet exercice.